Débat du 29 Décembre 2013: « Tout est vanité et poursuite de vent », animé par Michel Turrini.
Alors que la situation économique et environnementale préoccupe sérieusement les français, enferrés dans des polémiques puériles ou choix hasardeux, les Journées des Droits de l’Homme, à l’Unesco, étaient consacrées à la langue arabe et à la solidarité entre les différentes Populations, spécialement dédiées au Peuple Palestinien ainsi qu’à la philosophie, tandis que, entre Noël et Nouvel An, au Café des Phares®, le Débat du 29-XII-013, animé par Michel Turrini, prétendait tirer au clair si « Tout est vanité et poursuite de vent », TOUT ! est-il dit. Tout, sans exception, serait oiseux, illusoire, inutile, fat ! TOUT signifiait, donc, là, tout ce qui existe, chaque chose dont on suppose avoir une existence autonome. Tout, c’est-à-dire, métaphysiquement, toute ‘chose en soi’, qui, étant objet de connaissance, subsiste indépendamment du sujet qui se la représente, ne serait qu’orgueil et suffisance, alors que, sa valeur étant son prix, elle se définirait comme un moyen et pourrait être échangée, tandis qu’une Personne, constituant une fin, est inaliénable et n’a pas de prix ; elle a, par contre, une dignité. La Chose en soi, s’oppose donc à la Personne, et ne peut pas se parer de Vanité.
Sapristi ! Une telle Totalité, sans dérogation, se trouverait objet d’une curiosité qu’il serait vain de scruter, c’est-à-dire, sur quoi il ne nous était pas donné de porter un jugement, car cela représenterait un fait aussi absurde que celui de courir après la Tempête. Autant rentrer à la maison, tant qu’il faisait beau ! Mais, notre Vanité nous a cloués à nos sièges afin de poursuivre le Vent, ne pouvant, par conséquence, nous opposer aussi bien à la Personne, pour qui, la Chose est un moyen, que nous confronter à celui par qui la Chose peut être possédée.
« Rien de nouveau sous le soleil ». Comme la première, qui se prête à notre débat, les deux maximes se trouvent dans le même livre biblique, « l’Ecclésiaste », ou « Qohelet » (c’est-à-dire, celui qui s’adresse à la foule), fils de David, roi de Jérusalem, que l’on identifie à Salomon (version contestée par Voltaire), et datant du IIIème siècle av.JC, une période donc où les Juifs étaient influencés par des tas de systèmes philosophiques, voire des condensés de réflexions générales évoquant le sens de la Vie et débitant quelques conseils pour la mener, (notamment l’inanité de toute gesticulation tendant à éviter notre lot commun, la Mort), profitant ainsi de l’existence, un Don de Dieu, comme le suggère le « Carpe Diem ».
On a parcouru, alors, tous les lieux communs, se demandant « si le vent c’est du vent », « si tout est vanité », raison pour laquelle « Diogène aurait renoncé à tout », au lieu d’héberger « l’orgueil de vouloir cautionner le monde », « le monde de l’esprit », « le vent comme expression de l’être », ou le « ‘Blowin in the wind’, de Bob Dylan », « la Vahiné, de Tahiti », « la course à la Rolex, comme signe de réussite », « la ville de New York, basée sur le nombre d’Or », « c’est à chacun de voir ; c’est selon », « la chose est un moyen et peut être possédée », etc., etc..
Tout ayant une fin, la séance arriva à son terme, aussi, avec l’intervention de Gilles, et tout le monde fut heureux, sans montre de vanité.
Bergson :
« La seule cure contre la Vanité, c’est le rire, et la seule faute qui soit risible, c’est la vanité »
Carlos
Débat du 22 Décembre 2013: « Le monde finira; rien n’est moins indubitable! »
Alors que, prévus pour 2014, les XXII èmes Jeux Olympiques d’Hiver (XI èmes Paralympiques) devraient avoir lieu à Sotchi, en Russie, impliquant d’exceptionnelles mesures de sécurité, la flemme qui leur présidera faisant même un exceptionnel petit tour dans l’espace à bord d’un vaisseau approprié, sans feux ni trompettes, le Débat du 22 Décembre 2013, allait se tenir, lui, tout simplement au Café des Phares® de Paris et, animé par Gunter Gohran, il porterait sur la question: « Le monde finira, rien n’est moins indubitable »
C’est pas si sûr, si l’on appelle à Pyrrhon, Pyrrhon d’Elis, apôtre du scepticisme. Le monde ! le monde ! S’est-on demandé. « Qu’est-ce que le monde ? » De quoi parlait-on ? D’un système bien ordonné, du genre « monde des affaires ou de la finance » ? De notre planète, « la Terre » ? De notre galaxie, « La Voie Lactée » ? De l’Univers ? De tout ce qui existe dans l’espace et dans le Temps ? En effet, (du latin : « mundus »), le monde dénomme aussi bien un système bien ordonné, que simplement la Terre ou l’Univers tout entier. Elastique. Alors ?
On pourrait compulser « L’Apocalypse », composé par l’Apôtre Jean, et qui, étymologiquement, signifie « Dévoilement » (ou, sous l’aspect religieux, « Livre de la Révélation »). Il s’agit du dernier Livre du Nouveau Testament, mais, faisons un tour par Kant, pour qui le Monde est l’une des trois Idées de la Raison Pure, tels que l’Âme et Dieu, si bien que l’on peut affirmer que « Le monde » est fini ou infini, une antinomie qu’il est possible de démontrer, mais dans laquelle tombe la raison, dès lors qu’elle cherche des certitudes en dehors des limites de ses possibilités de connaissance, s’obstinant à vouloir atteindre l’absolu. Et la Connaissance, alors ? Du latin « cognoscere », chercher à savoir, le terme désigne l’acte par lequel la pensée s’efforce de saisir et de définir un objet qui se présente à elle, si bien que l’on l’oppose à Croyance, du fait que celle-ci n’est pas nécessairement fondée sur la raison, c’est-à-dire, n’implique pas nécessairement l’idée de vérité. Nous voilà bien. En fait, c’est observant le train que l’on voit qui y voyage. Voyons, donc, ce qui se passe devant notre porte. Le Monde est, pour l’Homme, l’horizon de son action, avant d’être objet de connaissance, car il EST DANS LE MONDE, et non dans l’île d’en face. Enfin ; on a glosé sur la fin du monde, les uns disant « que l’on en parle plus », « que l’on ne se baigne jamais dans le même fleuve », « que le monde est comme la vie », d’autres que « le Samouraï Japonais est une affaire de famille depuis la guerre de Troyes », « que rien n’est moins inévitable », « que tout est fait par notre cerveau », « Oh Temps ! Suspend ton vol ! », « On se rend compte que chacun est dans son monde », « qu’est-ce que je fais là ? », « de quel monde on parle ? », « question de responsabilité, concernant aussi bien Platon, qu’Heidegger ou Eichmann ». Quelqu’un trouva qu’il y a « deux sortes de fin : l’Historique et la Cyclique », puis un autre « le Temps stable », ou un autre encore « le Temps mort », soit « un discours matérialiste », sans parler de la « Résistance à Hitler », ou de « l’efficacité du Café Philo par rapport au ‘Prozac’ », le tout mêlé aux « hommages à Deleuze et Marc Sautet ». ou le reproche d’une mère à son fils, un peu trop arrogant : « Tu as encore du lait dans tes oreilles ». Il fut évoqué « le Temps de la Liberté et de l’Amour, lorsque l’un devient cannibale, l’autre assujetti », « le recyclage de l’Humanité », « le Temps de la Philo en train de mourir », « l’ADN congelée », « le fond de la Caverne », « les algues qui étouffent les poissons »…
Enfin, il était temps que ça finisse, et Gilles s’y a employé, avec son poème :
« Infini, In…fini. Fin du Monde, sa mort. Ce monde passe, poussière d’étoiles, inaccessibles étoiles… »
Peintre grec du IV s. AvC, Apelle, auteur d’un portrait d’Alexandre, s’est fait critiquer par un cordonnier à propos de la chaussure de l’Empereur. Comme l’artiste admit son erreur, l’artisan osa émettre d’autres observations, ce qui, ayant fâché l’artiste, l’amena à répliquer :
- Que le cordonnier ne juge pas au-delà de la chaussure !
Carlos
Débat du 15 Décembre 2013: « Etre responsable de soi, contribue-t-il au bonheur du Monde ? », animé par Daniel Ramirez.
Tandis que la France élisait sa nouvelle « miss », Nelson Mandela, qui a impressionné le monde entier par sa posture humaine et politique, fut enseveli dans la Terre de ses Ancêtres. C’était une bonne occasion pour se soucier du rôle de chacun dans la gestion de la Planète, raison pour laquelle, au Café des Phares®, on s’interrogea, au cours du Débat ayant lieu le 15-XII-013 : « Être responsable de soi, contribue-t-il au bonheur du monde ? », séance animé, en l’occurrence, par Daniel Ramirez.
Telle était donc la question du dimanche, un peu comme lorsque Yahvé demanda à Caïn « où est Abel, ton frère », et celui-ci répondit : « Suis-je le gardien de mon frère ?».
Le concept de « Monde », ou système parfaitement bien ordonné, se réduisant prosaïquement pour les humains à la planète « Terre », vu que, comme le corps, l’âme bouge aussi, et que la vie psychique est nécessairement animée de passion, nous étions priés de répondre si l’être responsable devait, ou pas, aller au secours d’une supposée instabilité généralisée d’humeur. Chacun des participants au débat étant sensé se porter garant de la bonne humeur ambiante et, comme un vulgaire « chauffeur de salle de Fêtes », le cautionner même, tel si le « Bonheur » était un manteau, le Père Noël, un feu d’artifice dépendant de sa propre raison, ou comme si l’Heure résultait tout simplement du fait de remonter sa montre, nous nous sommes « collés » à la Colle. Sachant que la Responsabilité correspond au fait de s’acquitter ou se porter garant d’un engagement, et le Responsable est celui qui agit avec la connaissance et la liberté suffisantes pour répondre de Soi, mais pas nécessairement de son frère, ni faire en sorte que « tout le monde soit heureux, tout le monde soit gentil », l’affaire semblait pliée.
Quoique, il y avait encore le « le Bonheur » !!!! Voyons ! C’est quoi, le Bonheur ? Du latin, « augurium », qu’étymologiquement signifie « chance », « augure » ou « présage », le Bonheur, (bon heur), paraît être le résultat d’une « chance », produit de circonstances opportunes, ce qui n’est pas le cas de la Responsabilité. Dès lors, il serait bon de distinguer le « pathos » dont le terme est chargé, de l’hédonisme, ou « l’eudémonisme » ancien. Que le Bonheur soit considéré comme le Souverain Bien, ou la Fin à laquelle serait subordonné l’ensemble de nos activités, c’était parfait. Toutefois, cet état de « Satisfaction Achevée » serait à distinguer du « Plaisir Sensuel », en raison du fait que celui-ci est accompagné de sensations d’une durée assez aléatoire et difficile à déterminer, alors que Kant définissait l’autre comme « un idéal de l’imagination plutôt que comme une fin », susceptible d’être rationnellement recherchée.
Pas de souci…
De bonne grâce, la salle s’y est attaché et, il a été dit que « cela correspondait au ‘Credo néo-libéral’ », « au monde d’Amélie Poulain », « que ce n’est pas de notre faute si ça va mal », « le souci des autres étant un lieu d’expérimentation, selon Paul Ricoeur », « une sorte d’égocentrisme, en général », et que « s’occuper de soi, ce serait la meilleur façon de s’occuper des autres », ou « ne pas demander ce que l’on peut faire pour soi, mais pour le monde », une façon de « questionner l’altérité »… « …et pluribus unum », (« um pour tous, tous pour un »), tell que le mentionne un poème de Virgile (à propos de la fabrication d’un certain fromage), et dont Saint Augustin se sert, pour décrire l’amitié. Beaucoup de choses intéressantes ont encore été dites, jusqu’à ce que, le temps qui nous était réservé arriva à son terme, nous laissant l’occasion d’écouter la poésie de Gilles, le débat se poursuivant encore, quelques instants, pour des raisons formelles.
- Comment avez-vous eu le bonheur d’amasser votre fortune ?
- En vendant des pigeons voyageurs !
- Combien en aviez-vous ?
- Un seul. Mais il n’a pas cessé de revenir !
Carlos
Débat du 8 décembre 2013: « Ethique et Politique sont-ils compatibles? », animé par Bruno Lecoris.
Notre semaine fut marquée par la disparition d’un homme politique exceptionnel, non-violent, sans être pacifiste, à l’instar du Mahatma Gandhi, et tombeur de l’Apartheid en Afrique du Sud, figure de la force empreinte de courage, lors de l’indépendance de ce Pays, dont il fut le premier Président noir, je veux dire, le héros Nelson Mandela, décédé à l’âge de 95 ans, alors qu’il avait renoncé à sa propre volonté au profit de celle des autres, « comme seul moyen d’atteindre la vérité », selon le principe qu’il s’était donné, la « Non-violence en tant qu’action », en somme, une façon d’agir toujours déterminée par l’oppresseur.
Quoiqu’il en soit, lors du débat du 8 Décembre, au Café des Phares®, animé par Bruno Lecoris, les participants devaient prosaïquement répondre à la question : « Ethique et Politique sont-ils compatibles ? »
Il faudrait, donc, débuter par le démêlement des termes, afin de déterminer ce dont on souhaitait parler, commençant par retenir que, Etymologiquement, l’Ethique (du grecque « ethikos », voire « êthos », signifiant « Caractère »), voulait dire, « la Morale », c’est-à-dire, la façon de conduire sa vie. De son côté, le Politique (également du grecque, « polis ») a le sens de Cité, l’espace public commun à tous les citoyens, la Politique étant l’art de délimiter cet espace et conserver son intégrité, du fait qu’il risque d’être pollué par le non-politique, en raisons des intérêts économiques de nature privée.
Le vocable désigne donc, aussi bien celui qui s’occupait des affaires publiques, que l’Homme pourvu de science, c’est-à-dire, « le sophiste », ce qui nous approchait de la connotation de « conquête », soit un « exercice », ou « structure du Pouvoir organisée en Etat », sachant que les « Sociétés sans Etat » ne sont pas forcément des « Sociétés sans Pouvoir », quoiqu’elles ignorent justement le Politique, qui se différencie aussi bien du social que de l’économique, et soient, parfois, opposées à « la Politique », sa manifestation apparente, de par les discours et les représentations. Il conviendrait donc de commencer par aller voir du côté du dialogue de Platon, « Le Politique », où il oppose cet exercice au Sophisme, rhétorique de l’infatué content de soi et pénétré de ses mérites. Mais, ce n’était pas encore le moment…
Allez chercher le « con pâtir » dans les dictionnaires. « Pâtir », c’est endurer, souffrir, et c’est ainsi, que, faisant feu de tout bois, nous nous sommes jetés sur les « lieux communs » correspondant au mieux à la colle qui nous était posée, arguant tantôt, d’un côté, par ci, tantôt de l’autre côté, par là :
« C’est une question sur les fins et les moyens… », disait l’un, « principe de réalité… vie sociale », disait l’autre, puis, « rapports de force… reculer pour mieux sauter… le premier à les associer , étant Aristote, puis, à les vivre, Gandhi et Mandela, alors qu’à notre époque on ne voit qu’un abîme entre les deux, malgré la nécessité de les réunir, comme l’a fait Mandela, le Suffrage Universel impliquant en fait la Démagogie ». Quelqu’un a voulu corriger l’opinion commune sur Mandela, arguant que « l’apartheid concernait à peine 2% de la population et qu’il y a autant d’opinions que de gens … bien que, « faire de la Politique serait une façon de ‘soigner son jardin’ », tandis que d’autres entendaient que « la Politique n’est pas un rapport de forces », que « l’on ne peut pas empêcher la paranoïa du Chef », et « qu’il vaudrait mieux une machine à laver pour tous », bien que la question « opposât l’individu à la société, et que l’’Ethique’ ce n’est pas la ’Morale’ », « le plus riche ne pouvant pas s’isoler », quelqu’un s’inscrivant en « désaccord avec la séparation de la Morale et de l’Ethique, principes qui interrogent les grandes valeurs, afin d’orienter notre façon d’agir et mettre en action nos idées, nous dispensant des chaînes TV en continu, et que la question devrait être : ‘Que faisons-nous de notre engagement moral ?’ au lieu de naviguer à vue ! ». D’autres interventions, toutes pertinentes ont eu lieu, mais, pour être politiquement correct, je dois laisser la parole au poète, lequel, pour terminer, nous averti « qu’il s’agit-là, d’’éthique’ et point de ‘cosmétique’ ». Voilà, à peu près.
Un jour, Doboliou (WW), c’est-à-dire, Busch et Tony Blair étaient en discussion, Chirac s’approche,
- On prépare la 3ème Guerre Mondiale : on veut exterminer 14 millions de musulmans et un informaticien…
Chirac :
- Pourquoi un informaticien ?
Tony vers WW :
- Tu vois ? Personne ne va nous poser des questions sur les quatorze millions !
Carlos
Débat du Premier Décembre 2013: « Qu’est-ce qu’un chef? »,animé par Yves Cohen et Alain Parquet.
Dans le cadre de l’Année Internationale de la Coopération, au cours de laquelle on se demande « Où sont les riches ? », une conférence avait lieu à Paris sous le Thème « Les pauvres ont-ils des Droits ? », et des rencontres régionales avaient lieu dans le domaine de l’apprentissage à se connaître et se percevoir comme acteurs en interaction les uns avec les autres, s’interrogeant sur la nature, le plaisir et le partage, puis d’autres innovations citoyennes se faisaient jour, dont le « lien Osol », « PollutecHorizons », « AlterEco », etc., tandis qu’Yves Cohen et Alain Parquet s’entraidaient au cours du Débat du Premier Décembre 2013, au Café des Phares®, où ils ont décidé de demander à l’assemblée : « Qu’est-ce qu’un chef ? »
Quésako ? Voyons voir… A quoi le reconnaît-on, un CHEF ? Au fait qu’il porte une longue toque blanche sur la tête, dans la cuisine ? Un « Top chef » ? Parce qu’il porte un crayon sur l’oreille, en bon « Chef de Chantier », voire un Ipad dans la main, « Chef de cabinet » ? … Ou s’agissait-il d’un chef-lieu ?
Toutes les éventualités étaient envisageables, dont « l’individu charismatique capable d’exercer une certaine autorité » et qui, dans l’enseignement Ayurwedique correspond à quelqu’un du type « Pitta », alors que selon les mœurs allemandes ce serait un Homme assez ferme pour conduire la politique de la nation ; un « Führer », voire, un « Duce » ou « Guide Suprême », chez les peuples latins. Dans ce cas, il s’agirait d’un personnage qui finit par s’attribuer lui-même tous les pouvoirs, passant, au pire, par l’assassinat de ses adversaires, au mieux parce que ces « Charges » lui sont confiées par un Parti Unique, c’est-à-dire, un
euphémisme propre à désigner la besogne des Dictateurs. Ils se considèrent, dès lors, comme étant les providentiels garants de l’Ordre sur le Chaos, et seuls intermédiaires entre les Hommes et les Dieux, une puissance que les Pharaons ont ainsi longtemps exercée dans l’ancienne Egypte.
Qu’es-ce qu’il en est, pour les philosophes du Dimanche, en herbe, ou dûment patentés ? On a fait référence au terme « Führer », bien entendu, ainsi qu’aux «Tsars de Russie » et constaté « que nous avons besoin de ‘chefs’, notamment dans les entreprises », faisant aussi référence à « la prépotence de la Télé » et à « la ‘Psychologie des Foules’ », aussi bien qu’à « Louis Renaud, promoteur de l’Industrie Automobile ». Un parallèle a été fait avec Dieu et la religion, ainsi qu’avec « l’enfant-roi » ou l’autorité, tout court, par le biais d’Hannah Arendt, connue pour ses travaux sur le Totalitarisme et la Modernité, le tout mêlé au « Duce », Mussolini, Benito de son prénom, puis on a ajouté qu’il y a des choses pas claires dans l’autorité en raison de ses différents sens et qu’il faudrait éviter une certaine dérive, puis fut évoqué le cas de Babinski, chez Charcot, atteint de la maladie de Parkinson mais néanmoins auteur d’une pièce de Grand Guignol et d’une étude sur les pulsions érotiques des femmes. Ensuite on a cité une phrase indûment attribuée à Ledru-Rollin en fuite lors d’un soulèvement en 1849 : « Je suis leur chef, puisque je les suis ».
On a ensuite poursuivi avec la pensée de Freud et la conscience personnelle, l’autorité comme image du Père, et le discours sur le phénomène Homo social : Mao/Staline ou le culte de la personnalité, « autoritas » équivalant à « potestas », avec l’obéissance en avant.
Enfin. Vu le chambardement qui s’accumulait, et puisqu’il n’y a pas eu les vers de Gilles, on ne sait pas très bien comment le tout s’est terminé, et pourtant, la messe semblait dite, la petite foule prenant le chemin de la sortie.
- Avec mon nouveau Chef, je ne peux plus dormir au boulot…
- Pourquoi ? Il te surveille ?
- Non, non… Mais, il ronfle !!!
Carlos
Débat du 24 Novembre 2013: »Comment la mémoire collective se construit-elle? », animé par André Masse-Stamberger.
Cette semaine, à Paris, un franc tireur a ouvert le feu sur la rédaction du Journal Libération, y blessant un photographe du « Monde », tandis que « Les Restau du Cœur » inauguraient, eux, leur 29ème Campagne Hivernale. Sur la Planète, alors qu’aux USA, Barack Obama peinait à faire appliquer les décisions de la Conférence de Paix sur la Syrie, des violences, unanimement condamnées, ont été perpétrées en Libye, et de mystérieux problèmes se sont fait jour à propos des négociations sur le nucléaire Iranien, ce qui s’est répercuté (va savoir pourquoi) sur le prix du pétrole. Imperturbablement, dans la Capitale, ce 24 Novembre 2013, au Café des Phares®, avait lieu l’habituel Débat hebdomadaire, qui, animé par André Masse-Stamberger, eut pour thème : « Comment la mémoire collective se construit-elle ? »
Comment, diable, se construirait-elle, la Mémoire, …Collective, dans notre cas de figure ? Une mémoire, plus une mémoire, plus une mémoire… ? J’en doute. Mais ? Se construit-elle, d’abord ? Se construit-elle, au point d’aller jusqu’à la violence et le délire, perçus dans les racines du mot ? Dérivant de MEN, ‘menos’, du grecque μέυος, (la force), et de MAN, ‘mania’, μανια, (le délire), la Mémoire, donc, en même temps Force et Délire, serait, finalement, la faculté de maîtriser ou actualiser le passé, bien que celui-ci soit intimement liée à l’oubli. Pourtant, à l’aide de ces briques et de ces broques, notre mémoire collective serait à même de bâtir, au fond, une réalité aussi bien suscitée, que subie.
Côté latin : « memor, oris », notre objet de cogitation signifierait « se souvenir », ce qui consiste dans un effort méthodique de fixation et intégration des éléments affluant à la conscience du sujet, donc la capacité à retenir les informations, à faire globalement ou par fragmentation. Il s’agit du pouvoir d’établir une communication entre le passé et le présent, ainsi que d’un signe fait vers l’Avenir, « Mnémosyne », une déesse de la mythologie grecque. A retenir, qu’Aristote faisait, lui, une distinction entre la « mémoire » et la « réminiscence », ce qui équivaut à un véritable raisonnement, puisque, indifférente à l’objet, la Mémoire ne fait que ‘témoigner’, alors que le Souvenir ’idéalise’.
A l’opposé de la Mémoire, intéressé par l’essentiel, le Souvenir embellit ; il est, concerné par les représentations communes ou quelques événements marquants dont la Commémoration constitue une pratique sociale rituelle, visant à inscrire dans la Mémoire Collective ce qui est à commémorer comme élément du passé que l’on ne veut pas laisser disparaître. Dans ce cas, la Mémoire figure un enjeu de pouvoir, qui peut l’interdire, entraver, manipuler ou rendre obligatoire, selon les maîtres du jeu, ainsi qu’en faire un stock d’informations codées détenues par une machine de traitement d’informations, par exemple, à des fins indéfinis.
Puis, il y la Mémoire affective, involontaire, mettant en avant aussi bien la reviviscence des sentiments, émotions et sensations, telle la Madeleine de Proust, que la Mémoire collective, représentation d’un passé à commémorer, ou encore la Mémoire active, qui permet de traiter toutes informations, disons, des épisodiques rappels de ce qui nous concerne particulièrement, ainsi que la Mémoire habitude, immédiate, à cour terme, voire la Mémoire procédurale du pianiste qui apprend quelque chose par cœur, sans parler de la Mémoire pure, ou souvenir, que Bergson oppose à l’habitude, et dès lors un tel rappel n’est plus une trace mais une présence. Poursuivant toujours l’idée, on se trouve face à la Mémoire sémantique ou à long terme, qui retient le sens des mots ou symboles, ainsi que celle de la Connaissance Générale, une Mémoire Sociale soucieuse de la représentation d’un passé commun placé dans le temps et dans l’espace, que l’on nome Devoir de Mémoire.
Bref. Une heure durant, nous avons mêlé tout ça, évoquant des tas de Métaphores, comme celle du « Grenier où s’entassent les souvenirs de façon aléatoire », ou « du labyrinthe qui suggère la complexité du cheminement et des détails », puis, « la Théorie physiologique de la mémoire selon laquelle, cela résulterait d’une inscription faite par l’expérience sur la matière cérébrale », ainsi que « la trace du cachet ou du pli de l’acte de penser d’Aristote », alors que « pour Hume, il s’agirait du pendant de notre imagination », ou en en faisant « l’intermédiaire entre une impression et une idée » allant jusqu’à « l’idée parfaite », « la dépendance de la stabilité ou de la labilité de la mémorisation », voire, « un Travail méthodique de fixation des souvenirs, globalement ou par fragments ».
Pour finir, Gilles a fait poétiquement état de ce qu’il a pu tisser à partir de ce fil, et chacun est parti, vaquer à ses affaires.
Un paysan mettait, le soir, un peu de farine sur le pas de sa porte.
-Pourquoi faites vous ça ?
- Pour éviter l’attaque des tigres…
- Mais, il y pas de tigres par ici !
- Vous voyez que ça marche !!!
Carlos
Débat du 17 novembre 2013: « Alea jacta est ! », animé par Daniel Ramirez.
« Alors que l’on déplorait des heurts entre les CRS et les Militants aux Bonnets Rouges, et tandis qu’au sein de la Conférence Générale de l’UNESCO avaient lieu les Journées Mondiales des Enseignants et de la Philosophie, La Semaine Européenne pour la Réduction des Déchets se déroulait dans la capitale, se chargeant aussi de déterminer l’orientation Budgétaire et envisager les formes les plus adéquates de solidarité avec le Peuples Palestinien, ainsi qu’accomplir le Devoir de Mémoire des Anciens d’Algérie. Au Café des Phares® se déroula le Débat du 17 Novembre 2013, animé par Daniel Ramirez, qui choisi pour sujet : « Alea jacta est ! »
Très bien. « Les dés sont jetés ! » Point d’exclamation (!) Et alors ? Je profère ça, et advienne que pourra ! La chose serait-elle le mot ? Y aurait-il lieu de s’attendre à un Effet Placebo, c’est-à-dire, sémantiquement nul mais philosophiquement agissant ? Au fond, notre sujet de débat ne traduit qu’une attitude verbale, qui pouvait aussi bien être «Tiens ! », « Dis donc ! » ou « Je me lance ! », tout simplement. Il ne s’agissait pas là d’une question, mais d’un constat, d’un étonnement, au mieux d’un « faire part », comme si quelqu’un rapportait : « J’ai vidé ma poubelle ! » ou « Jacques a dit ! », « C’est la fin des haricots», voire, « Les carottes sont cuites » puisque le sens de la phrase revient à « Les dés sont jetés », signalant ainsi le fait de s’adonner à un jeu, « auquel Dieu ne joue pas », tel que Einstein avait l’habitude de dire. Qu’est-ce qu’un Dé ? Petit étui à la surface piquetée destiné à protéger le doigt qui pousse l’aiguille ? NON ! Le Dé dont on parle est un facétieux petit cube à six côtés de un à deux centimètres, marquées de points allant de Un à Six, si bien que l’adition des points des faces opposées correspondent toujours à sept, et la somme de tous les côtés à vingt et un, mais dont le lancer donne des résultats aléatoires. Au bout du compte, notre sujet portait donc sur le Hasard (de l’arabe « az-zahr »), signifiant justement : « jeu de dés ».
Enfin. « Alea jacta est », c’est-à-dire, « Les dés sont lancés » ou « Le sort est jeté », fut en effet le propos d’un général de 32 ans, César Suétone, alias Jules César, lorsqu’au coucher du soleil, il décida fermement, en toute illégalité, d’entraîner ses troupes à franchir le Rubicon, limite de la Gaule, le 12 Janvier de -49. « Alea jacta est ! », illustre dès lors le fait d’abandonner l’individu au Hasard, sans aucune possibilité de revenir sur son plein libre arbitre, alors que nous nous efforcions, au Phares, de donner un rythme à notre débat, marquant la fin des tergiversations comme était aussi l’intention de l’Empereur romain, décidé à passer au delà du fleuve, d’un air de dire « On y va !!! » ou « Ça ira ! », mélodie de contredanse entamé par Ladré lors de la Révolution Française et due à Benjamin Franklin. En cause était certainement « l’imprévisible », « effet » explicable par un enchaînement de causes, sans intention de le produire, le meilleur exemple étant aussi bien celui du « nez de Cléopâtre », qui aurait changé la face du monde, que celui de la Loterie, à même d’enrichir soudain un pauvre déshérité, sans le sou.
Evidemment, Notre Débat fut riche d’idées, dans la déclinaison du thème, allant de considérations du genre « Dieu sait ce qu’il doit faire », « il y a des choses qui dépendent de moi, d’autres pas », « toujours de nouvelles lois sont édictées », jusqu’au requestionnement : « qu’est-ce que le hasard ? » ou à de nouvelles définitions : « le hasard est une opportunité à saisir », voire des exemples pratiques tel « Ceci n’est pas une pipe » à propos d’une Pipe exposée par Magritte, « des partitions musicales stochastiques de John Cage », ou des « explications génétiques attribuées à des phénomènes cosmiques », sans compter « ‘le hasard a des raisons que la raison ne comprend pas’ de Pascal » ou avec « la virtualité à laquelle nous ne pouvons pas trouver de cause », voire, avec « la connaissance de beaucoup de choses, ça nous entrave », et « on est obligés de faire confiance au hasard », « univers incertain », « facteur de risques », « concours de circonstances », « avec des Lois à transgresser ou à observer, des opportunités à saisir », « beaucoup de choses dépendant du hasard, en Démocratie, la pensée magique en tête », « comme un coq dans le poulailler », l’animateur finissant par déclarer que « le déterminisme ou la liberté ne jouent pas dans les questions du hasard, et que nous avons tous un Rubicon à franchir, et à faire avec le hasard ».
Pour des raisons que l’on ignore, Gilles n’a pu s’exprimer, et nous voilà dehors à remâcher ce que l’on avait avalé.
Sur le bord du Nil, deux touristes jettent des cailloux sur les crocodiles, et les reptiles s’approchent dangereusement de la berge, y grimpant les gueules grande ouvertes. Un des gars se sauve, mais l’autre reste, impassible, se disant :
- Je n’ai jeté que des dés, moi…
Carlos
Débat du 10 Novembre 2013: « Moins d’écrans… plus de réel. », animé par Alois Sander
Tandis qu’un super Typhon, nommé Haiyan, se chargeait aux Philippines de raser des villes entières et qu’en France l’Etat empruntait des milliards pour solder une dette vieille de 18 ans, alors que, déjà privée du triple A, la note souveraine attribuée au Pays par Standard & Poor’s basculait de AA+ à AA, des ‘Opérations Escargot’ se déroulaient sur les routes du Nord de la nation traduisant le raz le bol des paysans aux bonnets rouges, d’autres débats, sur l’interdiction de l’achat des actes sexuels notamment, ou le manifeste « touche pas à ma pute » des ‘343 Salauds’ ont eu lieu au cours de la semaine, puis, le 10 novembre 2013, ce fut au Café des Phares® que Alois Sander a pris sur soi d’animer le sujet philosophique choisi : « Moins d’écrans… plus de réel ! »
Telle était l’injonction. Disons tout de suite, que « Réel », provient du latin « realis », dérivation de « res/rei », la simple « chose », tout bonnement. Dès lors, pourquoi devrait-il, le Réel, augmenter en fonction de la diminution du nombre d’Ecrans ; en proportion inverse, donc ?
En guise d’information, un « Ecran » est aussi bien une paroi, un panneau, c’est-à-dire, un rideau, servant accessoirement à protéger, voire dissimuler, quelque chose de la chaleur, ou d’un rayonnement, comme la surface sur laquelle sont envoyées les images d’un projecteur cinématographique, de la même manière que celles des tubes cathodiques, par exemple.
Or, il semblerait que la pénurie ou exiguïté des « Etranges lucarnes » jouerait sur le « Dasein », puisque le sens de l’assertion a l’air d’insinuer que le Réel s’accroîtrait dès que la quantité (ou la taille) des Ecrans serait réduite. Les écrans ne feraient pas partie de la réalité ? D’une réalité devenue paysage, puisqu’elle est notre habitat, et que partout où il y a une caméra, observant comme l’œil d’un cyclope les rues, les halles de maison, les studios TV, les garages ou chez soi, un écran, des écrans, des milliers d’écrans se trouvent au bout de tels circuits. En ce sens, la pieuse injonction se posait là, comme un coup d’épée dans l’eau (…plus de réel !!!). Le Réel est absolu ; ni plus, ni moins. Aussi bien pour Hegel que pour Lacan, il est l’un des trois pôles de la vie psychique, avec le Symbolique et l’Imaginaire, la locution « Le réel voilé » traduisant l’impossibilité d’une connaissance objective de la réalité existant en soi.
En outre, comme substantif, Le Réel, constitue ce sentiment qu’a l’Homme de lui-même ou de son environnement, car la résistance du monde extérieur l’oblige à adopter un statut particulier classé sous trois registres : « 1) Ce qui est conforme à ce qui doit être, 2) Ce que l’on constate et n’est point douteux, puis, le cas échéant, (3) une fois ces forces abolies, l’ennui nous accablerait, nous piquerait, nous astiquerait et nous minerait comme un vers. En effet, le Réel encadre notre vie, mais ce n’est parce que l’on réduirait les Ecrans qu’il s’accroîtrait d’autant.
On s’est bien déridé néanmoins, au cours du débat et, même si « la révolution de 1789 n’a pas eu besoin d’écrans » l’injonction était de « ne pas retourner à la ‘Caverne de Platon’, dès que tout se passe aujourd’hui sur le tube cathodique ». Certes, « L’imagination et la solitude ont toujours existé », toutefois « Orwell nous met en garde contre tout débordement », ce qui n’empêche pas « la dictature de l’écran dans chaque bistro », propre à faire taire « notre conscience », sans compter avec « l’écran de fumée qui nous cache ce que l’on entend et ne doit pas lorgner », les « Face book », etc., etc.
Au final, c’était un peu comme à l’enterrement de Victor Hugo. On n’y voyait rien, mais on entendait tout parfaitement. Est-ce suffisant ?
Puis, pour terminer la séance, Gilles nous gratifia de sa poésie, concluant par l’injonction :
« -Vie, …rien ne presse ! »
Un couple regardait la Télé, où l’on apercevait des moutons sur une verte prairie.
-Regarde, dit la femme, ces bêtes ont toutes été tondues…
- Oui, répond le mari, philosophe, au moins de ce côté…
Carlos
Débat du 3 Novembre 2013: « Le malheur de n’être que soi », animé par Pascal Hardy.
Tandis que d’importants événements culturels se déroulaient à la Maison de l’Unesco, à propos du développement durable et des droits humains, diverses rencontres, manifestations ou colloques secondaient la gronde bretonne des ‘bonnets rouges’, à propos de l’Ecotaxe sur les véhicules transportant des marchandises, qui finit par être suspendue. Concernant les actualités mondiales, le pays fut bouleversé par la mort donnée à deux des journalistes français travaillant au Mali pour RFI, victimes du terrorisme international, ce qui provoqua l’indignation et la colère au delà de ses frontières. Puis, le 3 Novembre 2013, du côté du Café des Phares® eut lieu l’habituel débat dominical, intitulé, ce jour-là : « Le malheur de n’être que soi ! », animé par Pascal Hardy.
Cela se passait donc dans une salle de café, devant une centaine de personnes qui voulaient vivre la singulière transmigration hebdomadaire, et le sujet choisi nous présentait l’hypothèse d’un quidam se trouvant en rupture avec la réalité, dans une sorte de psychose maniacodépressive, étant là, existant, mais seul avec lui même.
Le fait est que, « n’être que soi… », s’associerait à un malheur ! Il ne s’agissait donc pas d’être simplement seul. Non ; il était question d’être aussi bien solitaire que morose. On se trouvait, de toute évidence, devant un cas de syndrome dépressif ; être soi et personne ou rien d’autre de plus. Pas sa mère, pas son voisin, pas son arrosoir, alors que l’on sait que la solitude prédispose à la démence, sérieuse pathologie qui demande une prise en charge psychiatrique. Il s’agissait de n’« être » que soi, ce qui serait déplorable, donc. Or, à part soi, qui d’autre pourrions nous être ? C’est ça la question, au fond : « A qui s’allier si l’on veut être heureux ? » Il y a là le sentiment d’un désir d’être aussi bien quelqu’un d’autre, que la totalité des êtres, au demeurant… Délire mégalomaniaque ?
Prévoyant toute méprise, Socrate avait convié les Hommes à bien se connaître adoptant la maxime « Gnothi seauton » (« connais-toi, toi-même »), consigne écrite sur le Temple de Delphes. Dès lors, on est sensés savoir ce que « Soi » comprend, c’est-à-dire, un corps anatomiquement réel, avec peau, os, viscères, énergie ou fragilité. Il semblerait, cependant, que nous le connaissons mal, ce « soi », aussi bien dans sa puissance d’exister que dans la profondeur de l’être ou substance vitale, au point d’en être malheureux, ce que Spinoza redouta, clamant que « nous ne savons pas ce que peut notre corps, ni cette âme, dénommée « noûs », principe de la connaissance intellectuelle ». Nous sommes donc à bras, tout à la fois, avec ‘le physique’, le ‘psychique’ et l’‘intellect’, voire, « sômma », « psyché » et « noos », dans le processus de reconnaissance de notre Identité, notre « Ego » et notre « Soi » à la mine chafouine. D’après notre sujet, cela serait, pourtant, trop décevant, lamentable, malvenu. Afin d’être heureux, nous faudrait-il un sosie, un revenant, un double, se revêtir de la peau d’un autre ou, comme Rimbaud, être aussi identique qu’étranger à soi ?
Bref. « Etre » serait une avanie, le corps n’étant pas au courant de ce qui se passe ! ‘Sôma’ et ‘psyché’, constitueraient un ensemble en même temps harmonique et conflictuel, décidés à écouter Rousseau : « Malheur à qui n’a plus rien à désirer ». Le fait est que, si le monde est déterminé, nous n’avons pas le choix. « Nous ne pouvons pas être autre chose que ce que nous sommes et pas devenir ce que nous ne sommes pas ». Ainsi, pour Descartes : « il faut choisir entre ‘se changer soi-même’ ou ‘changer le monde’ ». Que dit la conscience ? « Tu dois devenir celui que tu es » , voilà. La vraie Liberté est de l’accepter. Pourquoi « n’être que soi » serait-il un malheur, si ‘soi’ a la raison et le droit ?
Comme habituellement, Gilles nous gratifia de ses rimes, « de soi à soi ; de moi à toi », puis, l’animateur confia que, « cuisinant, on cherche à savoir ce que l’on fait », avant de mettre fin au débat, puis nous nous éloignâmes de notre cénacle, la mine déconcertée, pour ne pas être autre chose que nous-mêmes, tel ce à quoi nous avons joué.
Devant le quiproquo, je prendrais l’attitude de Unamuno, recteur de l’Université de Salamanca, répondant aux franquistes qui prônaient « Viva la muerte » : « Il y a là, dans ce sujet, … un manque de raison… J’ai terminé »…
Puis, chanterai avec Jacques Brel :
« Etre heureux, une heure seulement,
Etre heureux, une heure quelques fois,
Etre heureux, rien qu’une heure durant… »
Carlos
Débat du 27 Octobre, 2013: « Pourquoi mon corps sait-il quelque chose que j’ignore? », animé par Nadia Guemidi.
Une fois signalé le changement d’horaire, faisant l’impasse sur l’Affaire « Prisme » qui a réanimé le spectre du Big Brother, dans ses efforts pour transformer la Planète en un Nouveau Far West, l’objectif de la semaine semblait avoir été de sensibiliser tout l’univers à une même nécessité, celle de réduire la quantité de déchets de par le monde, et donner aux Hommes des clés pour le réussir. L’agenda hebdomadaire s’est donc trouvé chargé d’activités allant du Développement Durable et Droits Humains, à la septième édition du Festival du Film sur l’Alimentation, ainsi que sur la transition agricole, l’Agro-écologie, l’Artisanat, la Surpêche, le Libre Echange et les Inégalités Professionnelles, un travail accompagné de Films et Débats Ouverts sur le Vent ou le Combat contre le Sexisme, voire aussi bien les valeurs du Partage de l’Eau. Au Café des Phares®, les participants à la réflexion philosophique du dimanche 27 Octobre, avaient, eux à se pencher sur les enjeux du Débat « Pourquoi mon corps sait-il quelque chose que j’ignore ? », animé par Nadia Guemidi.
Sacré cachottier, que ce Corps, aux airs d’en savoir plus sur ma personne, que moi-même n’en ai jamais été instruit… Au fait, je pense que cette substance molle ne sait rien du tout, une certaine ignorance de soi étant utile à un être qui doit s’extérioriser pour agir. Puis, d’abord, un tel organisme, un individu, ou la conscience, elle-même, peuvent-ils opérer, au détriment du sujet ? J’en doute.
Certainement, la cause de ce ‘pensum’ s’embranchait dans le fait que « Philosophie Magasine » posait une question semblable dans son dernier numéro « Qui est mon corps ? », « Corps » étant un pronom relatif désignant une créature, une personne ou une chose, engendrée, produite… ou carrément tirée du néant.
Mais, tout compte fait, le corps, humain, c’est au fond de la chair de quiconque possédant un savoir, une conscience ou une connaissance de soi. Une individualité ? Certes, Socrates enjoignait ses auditeurs à se forger une idée de leur être, à partir d’un JE tourné vers un TOI, « Γνώθι σεαυτόν », Gnothi seauton, « connais-toi, toi-même » (maxime clé de l’humanisme). C’est-à-dire, les faire de prendre conscience de leur propre mesure, le CORPS, et lui donner un sens. Peut-il, ce corps, définir ce que JE est, surtout si JE l’ignore ? A-t-il une conscience de soi, de moi, de l’autre ? Nos connaissances passent par la faculté que nous avons de comprendre notre propre réalité et de la juger, soit, mais, la connaît-on ? Suis-je à même de saisir ce que je méjuge, ce que j’ignore ? La Conscience n’est pas consciente d’elle-même. Le Corps n’est qu’un organisme, opposé à l’esprit, et un membre de mon corps ne sait pas plus sur ma personne que moi-même. Qui est le maître en la demeure ? Le Corps ou le Je, qui se charge de tout par rapport à soi ? Bergson prétend qu’une certaine ignorance de soi est peut-être utile à un être qui doit s’extérioriser pour agir. En effet, l’individu proteste, réclame, réveille les consciences… mais il ne sait rien de la pertinence de ses gesticulations.
Beaucoup, beaucoup de choses on encore été dites, confirmant que « le cerveau nous joue des sacrés tours », lorsque « ça touche à l’esprit », l’idéal étant une « mens sana in corpore sano », maxime extraite de la dixième satire de Juvenal, etc., etc…
Puis Gilles, finissant sa prosodie, apostropha la chair : « Mon corps, ose !!! », comme Michel Ange (1515) interpella le Moïse qu’il venait de sculpter, d’un coup de burin sur le pied : « Parla ! », et tout le monde partit, refaire le monde, ailleurs.
Pour terminer, je suis tenté de rappeler l’épisode concernant les conditions de la mort du Président Félix Faure, décédé dans les bras de sa maîtresse, Marguerite Steinheil. Alerté, un ministre vint s’enquérir de l’Etat de santé du chef de l’Etat, demandant à l’Huissier :
- Dites, mon brave, Monsieur le Président a-t-il toujours sa connaissance ?
- Non, non. Elle est partie par derrière…
Carlos
Débat du 20 Octobre 2013: « Peut-on durer, quand tout vacille? », animé par Gunter Gohran.
Alors que le Prix Nobel de la Paix était attribué à l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, le Front National emportait l’Election cantonale de Brignoles (Var), bien que l’affaire de la semaine fut la choquante expulsion par le gouvernement de gauche, d’une élève de troisième, Leonarda, vers le Kosovo, son pays d’origine, après avoir été obligée par les forces de l’ordre et devant ses camarades, à descendre du bus scolaire et interrompre la sortie pédagogique qu’elle effectuait avec sa classe. Du Côté Café des Phares®, on se préparait, comme chaque Dimanche, à suivre le Débat du 20 Octobre 2013, animé ce jour-là par Gunter Gohran, et dont le sujet, choisi sur place, était « Peut-on durer, quand tout vacille ? »
C’est un problème délicat, celui de la Durée, c’est-à-dire, celui de la nature du Temps. Mais, penchons-nous sur le terme « Vaciller », d’abord ! Vaciller est un Verbe intransitif qui s’applique à l’être assujetti à des mouvements répétés ou alternatifs involontaires ou non et qui se trouvant éventuellement en équilibre instable, risque de tomber, à l’occasion, dans l’espace où il se tient. Ses synonymes seraient chanceler, tituber, se balancer, trembloter, osciller, induisant de surcroît une indécision ou irrésolution, semblable au frémissement d’une flamme ou à l’ébranlement de tout ce qui est transitoire, éphémère, évanescent, fugace, voire par exemple les voltiges oiseuses d’un passereau …
A l’opposé, nous avons « Durer », qui signifierait le fait de pourvoir à une continuité, « être ferme », « assuré », « sûr », « stable » dans le sens de persister sans changement, résistant au temps qui passe ; demeurer. Dès lors, le pire étant toujours quasi certain, si l’on applique à notre cas la Loi de Murphy, « Tout ce qui peut mal tourner, tournera mal », nos jours étaient comptés. C’est-à-dire, lorsque tout chancelle, on ne va pas très loin ni pas longtemps. On partait donc sur des perspectives douteuses, désabusées, assez pessimistes et aussi loin que ce que l’on pourrait penser, si l’on se tient à l’avertissement d’Héraclite « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, car tout coule et TOUT PASSE ». De surcroît, sans parler du Temps psychologique ou perception subjective de la Durée, nous nous trouvions livrés à l’« Effet papillon », c’est-à-dire, « un simple battement d’ailes quelque part, peut déclencher l’écroulement d’une ville à l’autre bout de la planète », phénomène que Einstein a réduit, dès 1905, à une toute petite formule E=mc2. En clair, nous sommes abandonnés à la vermine.
Cela n’a pas empêché que l’on fît, dans notre Café, une digression sur « ce qui va, l’aspiration, le renoncement, et même sur ce qui n’irait pas, tel « la flamme qui vacille pour finalement s’étendre », un exemple à suivre nous étant donné, celui de « Françoise Héritier, ethnologue, aujourd’hui âgé de 80 ans, bien que malade dès ses 5 ans », puis face à la colle : « Qu’est-ce qui vacille ? Le monde ou nous ? ». Quelqu’un demanda de « reformuler la question, puisque tout s’agite autour de nous », puis fut évoquée une « émission Télé, où l’on se plaignait du nombre de musulmans dans le pays ». « Comment garder, alors, ses valeurs ? », « Pas question de durer, mais résister ! », « séparer le grain de l’ivraie », « revenir en arrière ; faire face à la crise », avec « des Hommes comme Robespierre ». Il a été rappelé que « ‘on’, c’est vague ! », et « qu’il faut mettre le mot ‘responsabilité’, à la place de ‘résistance’ », puis « rester calmes, zen », « vaciller sans tomber », « résister c’est créer » et « ‘se connaître soi même’, comme Socrate », « et ne pas aller vers le FN ». On a évoqué « Badiou et Finkelkraut en tant qu’Hommes du passé », différencié « volonté de vivre et désir de vivre », « La philo nous permettant de rester humains », puis, un historien de l’art qui était là par hasard, ayant affirmé que « l’on est tous des citoyens du monde », l’animateur a ajouté, pour finir, que « la philo rajeunit, sinon elle ne servirait à rien ».
Peu de temps après, Gilles mit un terme à la séance, au moyen de ses rimes bien assurées, et la majorité des participants à l’exercice dominical quitta le lieu.
Dans le véhément désir de DURER, un ovule à maturité peut demeurer plus de 24 heures dans le corps d’une femme, avant qu’un spermatozïde ne le féconde, car nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses. En vain. Les jeux sont faits. Comme le suggère le dicton brésilien : « Tout ce qui brille n’est pas durable comme l’or, et ce qui vacille ne tombe pas forcément ».
Carlos